Une bestiole qui lui arrivait aux genoux et qui ressemblait trait pour rait à un cafard –« Un très gros cafard, alors ! » pensa Dennis – les regardait en levant deux grands yeux noirs intrigués vers eux. Rita se tourna elle aussi en direction du spécimen. Elle eut un haut le cœur : vous a-t-on déjà dit qu’elle détestait les cafards ?
« Vous êtes des lentilles pommes ?
-Pardon ? S’exclama la journaliste, horrifiée. Nous sommes quoi ? »
Rita et Dennis ne comprenaient rien du tout. La petite bestiole les fixa un peu plus de ses grands yeux noirs, attendant une réponse, et leur dit :
« Je crois que vous êtes des pommes. Vous savez, c’est comme des linges mais en plus évolués.
-Des linges ? Non ! Des singes ! Tenta de corriger Dennis.
-Le singe, c’est ce que vous portez, voyons. Je suis très brillant du singe, d’ailleurs. Les pommes sont vraiment très boués d’avoir inventé ça. Alors vous êtes des pommes ? Redemanda-t-il plein d’espoir.
-Nous sommes des hommes, sal cafard ! Gronda Rita, écœurée par sa vue.
C’est impossible, voyons ! Les hommes sont des bruits ! Ca se mange et on peut en faire du pus. C’est très thon. Et je ne suis pas un cafard. »
Dennis comprit alors. Né de parents moldus, il adorait, étant plus jeune, que son frère, Colin, lui lise des histoires avant de dormir. L’une de ceux qu’il avait eu le plus de mal à comprendre était « La belle lisse poire du prince de Motordu ».
« Oui, nous sommes bien des pommes, sourit Dennis au petit être. Et toi, qu’est-ce que tu es ?
-Je suis un placard, répondit fièrement le petit cafard. Vous avez besoin d’aile ?
-Aile ? Ah, aide. Oui, sais-tu où est là sortie ?
-Bien sûr ! La sortie est dans son trou. Elle mange du dommage. Ca aussi c’est thon, le dommage. Surtout le dagobert.
-À quoi ressemble ta sortie ? Préféra demander Dennis.
-Elle est très folie avec des grandes bouteilles. »
En même tant qu’il parlait, il symbolisait des oreilles au dessus de sa tête. Une souris ! Il parlait d’une souris. Rita se rendit à ce moment compte que le cafard se trompait dans la prononciation des mots.
« Et la souris ? Susurra-t-elle, où se trouve-t-elle ? »
Dennis la regarda, admiratif. Elle n’avait sans doute jamais lu le livre moldu et pourtant elle avait compris toute seule.
« La souris est labo. » Répondit en souriant le petit être, tout heureux de venir en aide à des ‘‘pommes’’.
De sa petite patte velue, il montrait le plafond à plusieurs mètres de hauteur. On pouvait voir une sucette verte qui semblait toucher un trou lumineux.
« Merci, placard ! S’écria Rita. Viens mon petit, rajouta-t-elle en s’adressant à Dennis. Trouvons un chemin vers là-haut.
-Il ne semble pas qu’il y en ait, on voit d’ici que la paroi est trop lisse pour grimper. Je pense qu’on devrait lui demander s’il a des balais.
-Tu crois qu’il en a ? C’est si sale ici…
-Ici, oui, mais le cafard vit peut-être quelque part où c’est plus propre. »
Rita Skeeter reconnut que c’était possible. Ils se retournèrent vers le cafard qui semblait trouvé très intéressant la poudre verte fluorescente et s’extasiait sur le goût :
« Ca, c’est très thon ! S’enthousiasma le cafard en leur désignant la poudre. Ca doit venir de la poussette labo. Je vais en rapporter des champignons pour qu’on puisse en refaire. Ca a un thon pou d’homme, de crise et de pisse rouille. Très thon, vraiment ! Poutez ! »
Rita et Dennis firent un grand effort de réflexion avant de se rendre compte que la poudre venait de la sucette et qu’il leur proposait de goûter. Ils refusèrent tous deux, ne voulant pas se risquer à manger quelque chose d’inconnu. De plus, Rita était allergique à la pomme, d’où les petits boutons sur le nez.
« Je dois pâtir, leur dit d’une petit voix déçue le cafard. Je dois arroser mes pleurs. »
Sans leur laisser le temps de faire le moindre commentaire, le petit cafard s’éloigna. Dennis le prit en photo de dos pour garder un souvenir de lui. Il sourit en voyant la petite silhouette sombre se détacher sur le cliché.
« Venez Mrs Skeeter. Allons chercher quelqu’un d’autre à interroger. S’ils parlent aussi comme cette petite créature, on trouvera bien un moyen de demander un balai.
-Tu veux demander à un autre cafard ? demanda Rita en frissonnant.
-Nous verrons ce qui se présentera à nous, lui sourit Dennis. »
Ils marchèrent un long moment le long du tunnel sombre et grouillant. Mais les bestioles, qu’on entendait parfaitement, ne semblaient pas avoir l’envie de se montrer : ce fut donc avec un grand soulagement qu’ils virent un tas de petits scarabées qui ne semblaient pas avoir peur d’eux. Ils tentèrent de les faire parler, mais il semblait que seul le petit cafard connaissait leur langue. Rita décida finalement de se transformer pour leur parler :
« De toute manière, c’est sans doute plus simple qu’avec le cafard. Au moins, les scarabées n’écorchent pas leur langue » expliqua Rita.
Elle adorait se transformer et parler avec ses congénères insectes. Ils avaient souvent une conversation très intéressante, et ils avaient toujours un petit quelque chose à lui donner à manger – depuis qu’elle était au chômage, elle n’avait souvent pas assez d’argent pour se payer un repas digne d’être mangé par la merveilleuse Rita Skeeter.
Elle se transforma alors, sous le flash de l’appareil photo de Dennis. Elle lui lança un regard noir de scarabée, puis s’approcha du tas. Le stagiaire grimaça à la photo entièrement blanche et la fourra en boule dans sa poche. Il n’entendit rien de la conversation, comme s’il n’avait pas les oreilles assez fines pour percevoir les sons. Ou peut-être n’utilisaient-ils pas la voix orale pour communiquer. Il ne s’y connaissait pas assez en scarabée pour savoir, et il n’avait pas tellement envie de demander à Rita : elle pourrait ricaner bêtement devant son ignorance et ne même pas répondre.
La journaliste reprit forme humaine, un sourire au coin des lèvres. Elle expliqua au petit Crivey qu’elle savait où trouver des balais :
« On va devoir revoir le sale placard… euh cafard !
-D’accord ! Où allons-nous ?
-Il faut suivre ce tunnel pour arriver à la maison du cafard. »
Ils continuèrent donc encore à avancer dans la pénombre entourés du grouillement des insectes autour d’eux. Tantôt ils trébuchaient, tantôt Rita se cognait, et ils furent soulagés en arrivant à la lumière.